Boîte, vous avez dit boîte ?


1. Quelques années plus tôt : la BOITE

— Qu’est-ce que je me sens bien ici ! (Gothé s’assied)
On dirait un bon gros édredon moelleux sur lequel je pourrai m’endormir sereinement.
Je crois que je vais bien me plaire dans cette Boîte.
Il n’y a pas grand monde par ici comme enfant de mon âge : tant mieux !

J’ai de quoi manger gratuitement sans devoir chercher à chasser ou pêcher.
Jouer avec les quelques gosses qui vivent dans la Boîte et surtout étudier en paix l’univers qui m’entoure sans être dérangé.
J’ai également une bibliothèque à ma disposition : ça peut être pratique, car je ne sais pas comment j’ai pu aboutir en ce lieu.

Je suis arrivé tout jeune, bébé, je pense.
Et là, je suis en train de me réveiller.
Je crois que je grandis plus vite qu’avant : c’est ce qu’on appelle le passage vers la maturité ?

Mais c’est une boîte sans issues : il n’y a que des volets d’entrée, opaques et clos.
On rentre, mais on ne sort pas de cette Boîte.

Cependant, je dois absolument me trouver une amie pour assurer ma descendance.
C’est une question de vie ou de mort.

Mais j’ai le temps, je ne suis pas encore adulte.
Je m’interroge juste…
Pourquoi suis-je ici ?
Comment suis-je arrivé dans la Boîte ?


2. Le massacre de Gothé

Gothé croissait lentement mais sûrement, mais un jour, il devint très grand, trop imposant, assez lourd aussi.
Il commençait à prendre beaucoup trop de place dans la Boîte, laquelle avait parfois tendance à chanceler.
Gothé avait tellement grossi qu’il compressait tout sur son passage.

C’est là qu’il fut décidé en hautes instances d’envoyer l’armée afin de le dégager au plus vite.
C’était en quelque sorte la survie de la Boîte qui était en jeu.
Le commandant le trouva très facilement : Gothé gisait, affalé sur son édredon, l’écrasant de tout son poids.
Il ne bougeait plus, tellement sa graisse le rendait amorphe, indolent.

Si sa mise à mort fut assez rapide, son évacuation prit plusieurs heures, car il était devenu comme un pachyderme obèse, ne pouvant plus se mouvoir sans aide.
La Boîte, du coup offrit aux autres habitants une nouvelle vie, plus sereine.

Gothé est mort tout seul, car il avait le temps de comprendre que de par son amplitude envahissante, il gênait, il encombrait et il avait eu le réflexe de mettre sa compagne angoissée et ses nombreux enfants à l’abri.
Un peu comme les Glouks qui se planquaient des Kalglis il y a un siècle, et avaient dû arborer sur leur poitrine le fameux Raisin Rose.
Mais c’est une autre époque…

Tanta, sa femme donc, se cacha tant qu’elle put, mais au bout de six mois, après quelques perquisitions, sa retraite fut découverte.
Elle subit le même sort que son compagnon, c’est-à-dire une bien triste mort.
Cruelle, sanglante et sans aucune issue.

Pourtant elle n’encombrait pas, elle ne gênait pas : elle était juste la femme de Gothé qui aurait pu continuer son œuvre et la parfaire.
Elle s’en moquait un peu, car ils avaient eu le temps de procréer encore et encore et leur descendance reprendrait la situation en main.


3. La descendance a chaud

Il restait donc un bon nombre d’orphelins qui avaient réussi à déjouer les pièges de chaque instant, quitte à grandir plus vite que leurs parents.
Plus futés aussi : ils avaient appris à survivre, à se cacher, redoutant le passage de la Milice.
Ils n’avaient plus aucune famille, juste un cousin qui vivait en ermite, de l’autre côté de la Boîte, près du Pont.
Mais il était encore très jeune, indubitablement moins vindicatif qu’eux.
Eux que le massacre de leurs parents avait mis dans une colère noire et les avait empli d’un désir de vengeance excessif et inassouvi.
Oui, ils étaient nettement plus agressifs que leurs ascendants.

Au début, la vie était simple et ils pouvaient croire qu’on les avait oubliés ou qu’on ne les avait pas remarqués.
Ils se multiplièrent sans partenaires : ils avaient muté.
Comme les dragons du Komodo, ils pratiquaient la reproduction asexuée, sans femelle.

Une fois, la Milice se présenta, canardant partout sur son passage de rayons inoffensifs, mais elle ne réapparut plus avant deux semaines.
C’était juste un test avant le grand massacre.
Puis elle revint en force, avec des torches laser qui piquaient la peau.
La Boîte, durant toute la perquisition, était immobile, comme si elle était maintenue par une force extérieure.
C’était totalement incompréhensible, mais ne vivait-on pas dans un monde irréel où la logique n’existe pas ?
L’inspection était brève, toutefois très violente.
Ça tirait dans tous les sens, des jets de feu et de lumière.

Les enfants n’étaient pas encore adultes et pouvaient se tapir dans un coin ou l’autre de la Boîte, mais la verdure commença à se raréfier.
Au début, c’était discret, mais comme de l’herbicide, le gazon mourut de partout.
La prairie finit par disparaître quasi totalement.
La température devenait insoutenable,
l’air manquait aussi horriblement.
On se serait cru à Shimatino quand les Poyafs, amis des Kalglis, avaient déversé leur bombe à pitrons et laissé une terre stérile, où personne ne pouvait y survivre.

Une fois la milice passée, la vie reprenait de plus belle, mais les enfants avaient de moins en moins de force.
Ils n’arrivaient plus à muter ni à se reproduire.
Ça sentait la fin de toute cette génération d’adolescents rebelles et destructeurs.

Et ils commencèrent à tomber comme des mouches, les uns après les autres, comme brûlés au dixième degré.

4. Épilogue un peu surprenant

La Boîte avait retrouvé son apparence initiale, hormis le fait qu’il y avait une espèce de brume envahissante qui masquait le sol.
L’ermite qui vivait toujours près du Pont, avait cependant été épargné de ce massacre collectif.
La Milice laissera sa place à une brigade d’intervention plus pointue, car cet ermite est plus futé que ses cousins même s’il est tout seul et nettement moins dangereux et agressif qu’eux.
A-t-il évolué depuis le grand génocide ?
L’imagerie par résonance magnétique de la Boîte le dira uniquement dans quelques semaines, car cette fameuse Boîte, c’est ma Boîte crânienne.

Miaou miaouuu miaouuuuuuu…

— À l’aide, au secours. Pitié, aidez-moi. Il y a comme une odeur de sang dans mon appartement. Ne me laissez pas ainsi toute seule. Au secourrrrrrrs !!!

Je hurlai à m’époumoner, penchée à ma fenêtre, du haut du dixième étage.

Le spectacle valait le coup d’œil : une folle ameutait la population entière.

Enfin pas si folle que ça vu qu’elle venait de découvrir un corps, assassiné certainement, dans le coin de son living.

Elle avait suivi l’odeur et avait trouvé le fameux corps,

Il y avait de quoi s’énerver non ?

Je n’en menais pas large, tellement j’étais paniquée de ce que je venais de trouver sous mes yeux en rentrant.

Mais qui allait m’entendre de là-haut ? Je beuglais du poulailler, juste sous le ciel.

Personne n’avait réagi : c’était sans doute logique, vu l’heure nocturne. Pas un passant sur le boulevard.

Je songeai un instant à appeler les forces de l’ordre, mais non, je me rétractai, en y réfléchissant bien.

Ils ne me prendraient pas au sérieux.

J’imaginais déjà le scénario : les pompiers, le service médical d’urgence, la police…

Ça risquerait d’ameuter tout le quartier.

Et puis les déranger pour ça…

J’aurais dû passer un alcotest ou ils m’auraient envoyée en hôpital psychiatrique pour me faire soigner.

On peut paniquer devant un cadavre certes, mais il y a des limites à ne pas dépasser comme par exemple faire du tapage nocturne et réveiller une ville qui dort paisiblement.

Je me revoyais rentrer dans mon logement ce soir.

Je revenais d’une fiesta bien arrosée et je me sentais un peu groggy, dans le gaz quoi…

Oui, j’avais pas mal picolé ce soir en écumant tous les bars pour enterrer ma solitude.

Pour être imbibée, je l’étais. Pire qu’une éponge !

Donc, je revins, en titubant légèrement, vers mon fameux cadavre.

Je m’accrochai aux fauteuils pour ne pas tomber.

Je ne savais pas si les vertiges en question étaient dus à l’excès d’alcool ou au corps que je venais de découvrir.

Il gisait dans un coin, inerte, mort de chez mort.

Un cadavre plus vrai que nature !

Non mais, venir mourir chez moi, en se faisant assassiner, il fallait le faire !

J’avais éprouvé un moment de recul quand je l’aperçus, car le spectacle n’était vraiment pas joli à voir.

Je ne savais plus si j’avais envie de vomir devant un tel tableau macabre ou si je devais courir aux toilettes pour rendre tout mon repas.

Mon souper ou plutôt les mélanges que j’avais ingurgités, qui remontaient directement par la même voie par laquelle ils étaient descendus.

J’étais statufiée en fait, comme figée, les jambes tremblotant de partout et personne à mes côtés pour me soutenir.

Je me rappelai que la première chose que j’avais commise, c’était d’aller vérifier dans les autres pièces s’il n’y avait pas un de ses copains restés planqués quelque part.

On ne sait jamais : dans des cas pareils, il est utile de prendre toutes les précautions…

— Miaou miaouuu miaouuuuuuu…

— Ah te voilà, toi, ma chérie ? Écoute ce n’est guère le moment de me demander de te donner à manger. Et puis, je remarque que tu n’as pas terminé ton repas.

A ce que je vois, tu n’as pas trouvé le menu à ton goût !

Mais oui, ma chérie, tu es gentille tout plein. Mais oui, je t’adore…

Tu es la plus belle…

Je la caressai machinalement, du bout de la paume de ma main.

Un rire nerveux me prit d’un coup mais comme je le dis, c’était un rire nerveux.

Un rire qui surgit inopinément, droit du fond du ventre et qui ne vous lâche plus.

Le dernier rire que j’avais exprimé de la sorte, c’était à un enterrement, en suivant le corbillard qui menait au cimetière.

J’avais onze ans et on enterrait ma grand-mère et pourtant, en plein trajet entre la maison et la crypte, j’ai pété de rire à ne plus pouvoir m’arrêter.

Les gens m’avaient regardée de travers, horrifiés par mon attitude déplacée.

Mais les rires nerveux, ça ne prévient pas, n’est-ce pas.

Ça arrive quand on s’y attend le moins et toujours dans des situations indélicates.

Je mis cinq bonnes minutes à récupérer mes esprits, mais ce fou rire m’avait fait grand bien.

Je préférai commencer mon inspection, en débutant par notre chambre.

J’inspectai minutieusement chaque coin, chaque centimètre carré.

J’ouvris les placards, déplaçai les couvertures, les coussins…

Malgré mes douleurs dorsales – depuis quelques années, mes lombaires me font souffrir – je me penchai sous le lit – on ne sait jamais qu’il ou elle se serait planqué en-dessous, mais rien.

Pas la moindre trace de vie à l’horizon.

Pas le moindre bruit ou crissement non plus.

Je continuai par la seconde chambre en suivant le même rituel d’inspection.

Je remarquai en passant que ma fille n’avait pas rangé ses affaires et qu’il y régnait un désordre qu’elle considérait elle seule comme organisé mais ça ressemblait à un fouillis innommable.

Mais il ne faut jamais contrarier une adolescente dans l’aménagement de son univers.

La chambre d’une ado, c’est propriété privée, et si elle savait d’ailleurs que j’y rentrais, je risquerais de passer un sale quart d’heure.

Je remarquai cependant des emballages de nourriture vides, des morceaux de biscuits séchés.

Grrr !!! Je lui avais pourtant signifié qu’il était strictement défendu de manger dans sa chambre et surtout, au cas où elle enfreindrait cette consigne, d’aller jeter les déchets dans la poubelle de la cuisine.

C’est comme ça qu’on en arrive à attraper des occupants nuisibles,

Et je déteste ce genre de rongeurs !

Ça court partout, ça ronge, ça se multiplie à une vitesse grand V.

Le couloir était dans l’obscurité totale et Minette en profita à ce moment-là pour se faufiler entre mes jambes.

Je sursautai comme une pile électrique en sentant sa fourrure me caresser les membres inférieurs.

Sacrée Minette tout de même et que ferais-je sans elle ?

C’est ma compagnie de chaque jour, chaque moment…

Ce n’est pas vraiment un chien de garde vu que c’est un chat, mais ça reste une présence tout de même et elle arrive, avec ces petits moyens, à se débarrasser d’intrus éventuels.

Je passai à la cuisine et là, ce fut l’horreur : la poubelle était renversée par terre, éventrée de toutes part.

Mais que s’est-il passé ici en mon absence ?

Je pris donc mon courage à deux mains pour tout ramasser, et à l’aide d’un nouveau sac poubelle, je remis le tout proprement si l’on peut dire.

Mais l’odeur pestilentielle des carcasses de crevettes mêlées aux épluchures de pommes de terre, aux peaux de banane m’écœura encore un peu plus.

Une senteur de mélange qui avait macéré dans son jus…

Ça m’apprendra à ne pas descendre la poubelle régulièrement.

Bon, je n’avais rien découvert de suspect dans mes pièces de vie et je me retrouvai seule, avec ma chatte et le cadavre dans le coin du living.

Je me dis que c’était un peu stupide de ma part de crier à tout va de mon balcon, de tenter d’ameuter la ville pour si peu de chose.

Ce n’était au final qu’une simple souris morte, éventrée, que Minette avait abandonnée, après avoir joué avec et l’avoir tuée, baignant dans son sang, inerte mais bien morte.

Je pris mon courage à deux mains, j’enfilai une paire de gants en plastique jetables et ramassai la pauvre bête assassinée et martyre pour l’ajouter aux ordures du sac poubelle que je devais de toute façon éjecter de l’appartement.

Je ficelai le plastique et le descendis dans le local à ordures.

J’espérais simplement qu’elle n’était que le seul rongeur locataire indésirable.

Je me servis un dernier verre – tant qu’on y était, un de plus ou pas, ça n’aurait rien changé et il fallait bien que je me remette de mes émotions.

Sacrée souris, quelle idée de venir se faire assassiner dans un appartement vide, avec pour seul gardienne, une chatte qui avait très très faim !!! Finalement, avec elle, je fais des économies…

Tout simplement …

000tonte

Je n’avais jamais vraiment remarqué l’odeur du gazon fraîchement coupé.
Je crois d’ailleurs que c’est la toute première fois que je prends conscience de ce parfum frais et enivrant en même temps. Ça sent bon l’arrivée timide du printemps, les tous premiers rayons du soleil.

— Je n’en peux plus, j’ai l’impression que je tonds depuis des heures.
Tu t’es prétendue fatiguée, désirant te détendre un peu. Encore une de tes excuses à la noix, je suppose.
Ça ne te dérange pas de lire pendant que je bosse ? Enfin, tu me tiens compagnie, c’est déjà ça.

— Oui, bien sûr, tu t’occupes de la pelouse. C’est superbe, parfait même car elle en avait grand besoin. Oui, je suis éreintée, épuisée mais apparemment, tu ne t’en soucies guère.

A quoi bon me justifier ? Lui demander de suspendre un instant, ne fusse qu’un court moment, pour en profiter à deux, tant qu’il en est encore possible.

Il m’a peut-être entendue, sûrement pas écoutée. Il prolonge son travail, quadrillant le jardin en dépit du bon sens, sans se soucier de ma réponse.
Je l’entends marmonner, cherchant certainement à masquer le bruit sourd du moteur à essence.

Je suis allongée dans un transat, lunettes de soleil coincées le crâne, un livre, ouvert à une page. Laquelle ? Je l’ignore. Sans doute un roman profondément narcotique, truffé de descriptions ennuyeuses.

Un couple de mésanges virevolte dans le ciel et l’une d’entre elles se pose sur l’accoudoir de mon siège, dodelinant de la tête.

Elle se penche sur moi, saute sur mon bras et me picore gentiment la peau. Voudrait-elle me suggérer d’arrêter de somnoler ?

— Tu es une marrante, toi ! Tu dois me confondre avec un gros lombric mais je ne suis pas comestible.

L’oiseau ne semble pas m’entendre et continue son manège de plus belle.
Peu importe, me dis-je, si ça l’amuse, pourquoi pas, et cette scène pour le moins insolite, perdure durant plusieurs minutes.

Lui, l’amour de ma vie, n’a rien relevé. Il bougonne toujours, enfoui dans son monde, le reste, moi compris, ne servant que de décor.
Il râle tout seul. Ronchonnera-t-il encore, quand il aura achevé sa tâche ?

La mésange pourrait lui répondre, lui conseiller de s’interrompre, de se poser.
L’inviter à se pencher sur son existence, à prendre le temps d’écouter les autres surtout.
Les moments présents sont si précieux…

— Tu ne bouquines plus ?

J’ai suspendu ma lecture: il a posé la question par principe, sans attendre forcément une réaction quelconque. Il ne m’a même pas regardée.
Il soupire, comme s’il accomplissait une corvée. Comme s’il me reprochait de me reposer, de ne rien faire pendant qu’il travaille.

Il ne s’est pas aperçu que j’ai perdu mon livre.
Il est tombé dans le gazon coupé depuis peu, déjà recouvert de brins d’herbe.
C’était un roman soporifique. Il se trouve bien où il est.

La mésange becquette invariablement mais je n’y accorde plus aucune attention.
Il poursuit sa tonte, tout seul.
Et moi  … je suis simplement morte… 

 

 

 

 

Histoire d’une petite craie (court récit d’une petite fille de 9-10 ans, repris texto)

Ma fille Gaïane avait écrit ceci  qu’elle avait 9 ou 10 ans

C’est simple, naïf mais j’adore vraiment la fin …

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J’ai recopié le texte pour plus de facilité de lecture : 

Petite craie toute jolie et toute mimie
Moi je suis une craie blanche, je passe ma vie à écrire,
parfois ça m’arrive de faire des petits dessins.

Ce qui me plaît le plus, c’est les synthèses, écrire les verbes,
pour faire partager le savoir de l’instituteur qui crie
parfois quand il y a une grosse faute, mais les élèves
corrigent, après d’autres fautes.

Ce que je déteste, c’est que mon bout casse, donc
on doit me ranger dans les vieilles craies sales, je perds alors
ma blancheur.

Le plus dur, c’est lorsque je suis dans la boîte,
en-dessous du tableau, la raclette qui me déteste
accélère quand elle passe au-dessus de moi. Je dois alors
retourner dans les vieilles craies le temps de sécher.
Heureusement, je suis avec Lili, ma copine craie rouge,
elle est sympa, elle me soutient toujours quand je
suis avec Fred, une craie magnifique, elle est bleue.

Je me dis parfois :  » S’il n’y avait pas les tableaux,
Je serais sûrement en train de dessiner des marelles ».

Tristesse stérile

 

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Il m’arrive souvent de me cacher sous des lainages informes, démesurément larges, histoire de rêver, oh utopie, à une grossesse imaginaire.

Je m’invente alors un ventre bien rond, un petit nid douillet, enfoui au plus profond de mon subconscient.

Et je déambule dans les rues tristes et mornes, le regard complètement hagard, sans penser à la veille ni au lendemain.
Je déambule tout simplement.

Et je les vois, toutes ces futures mères, insolentes par leurs rondeurs, indécentes de joie intérieure.
J’ai envie de les vomir, de les piétiner, de les envoyer rôtir dans les affres de l’enfer.

Et puis, tout doucement, je sens une gène intense gagner le fond de mes yeux et quelques larmes glisser le long de mes joues empourprées de désarroi.

Le ciel brumeux et lourd des aurores hivernales revêt la même mélancolie grisâtre qui sévit au sein de mes entrailles.

Personne ne semble vouloir me comprendre…
Personne si ce n’est moi-même et je sanglote naïvement sur mon infortune…

A quoi bon rêver à une conception chimérique, à un morceau de moi-même qui n’existera jamais que dans mes fantasmes désenchantés…