Il m’arrive souvent de me cacher sous des lainages informes, démesurément larges, histoire de rêver, oh utopie, à une grossesse imaginaire.
Je m’invente alors un ventre bien rond, un petit nid douillet, enfoui au plus profond de mon subconscient.
Et je déambule dans les rues tristes et mornes, le regard complètement hagard, sans penser à la veille ni au lendemain.
Je déambule tout simplement.
Et je les vois, toutes ces futures mères, insolentes par leurs rondeurs, indécentes de joie intérieure.
J’ai envie de les vomir, de les piétiner, de les envoyer rôtir dans les affres de l’enfer.
Et puis, tout doucement, je sens une gène intense gagner le fond de mes yeux et quelques larmes glisser le long de mes joues empourprées de désarroi.
Le ciel brumeux et lourd des aurores hivernales revêt la même mélancolie grisâtre qui sévit au sein de mes entrailles.
Personne ne semble vouloir me comprendre…
Personne si ce n’est moi-même et je sanglote naïvement sur mon infortune…
A quoi bon rêver à une conception chimérique, à un morceau de moi-même qui n’existera jamais que dans mes fantasmes désenchantés…